Quelles sont les clés pour réussir l’industrialisation d’un nouveau produit ?

L'industrialisation d'un produit, high tech ou innovant, c'est la phase cruciale du passage vers la fabrication en série. L'idée devient réalité après les étapes préalables : étude et conception puis prototypage voire pré-série.

Partager
ce post

Facebook
LinkedIn
Email
Frédéric Fabre et 3 autres participants lors du Pop Up Café Eurasanté en février 2023

Produire en série implique le respect d’un processus amont et aval : approvisionnement des composants, réalisation des outillages, plan Qualité et suivi de celui-ci, logistique… Il faut également penser financement. Et arbitrer selon différents critères entre made in France et fabrication à l’étranger, externalisation et internalisation.

Cet article est la synthèse enrichie d’une intervention donnée par Frédéric Fabre, CEO de SERETEC et WAE Group, dans le cadre d’un « Pop up café », organisé à Loos, le 7 février 2023, par l’incubateur Eurasanté sur le thème : Réussir l’industrialisation de son produit.

Quelles sont les étapes préalables à l’industrialisation d’un produit innovant ou high tech ?

Il y a plusieurs étapes qui s’enchaînent : elles ne doivent pas être ignorées ou sous-estimées car elles vont conditionner la suite des projets et être des facteurs de réussite.

Parmi les étapes principales pour une startup ou toute entreprise désirant lancer un produit technologique, le plus souvent innovant :

  • Définir ses objectifs commerciaux : quels sont les pays visés pour la commercialisation du produit, quelles sont les cibles, les marchés voire les segments de marché
  • Estimer le volume prévisionnel de production, made in France ou Asie…
  • Identifier les contraintes normatives en amont car elles auront une incidence sur les choix technologiques, le schéma industriel…

Viennent ensuite les phases d’étude et conception, de design et de prototypage qui sont stratégiques entre la conception mécanique, l’éventuelle conception électronique voire le développement logiciel et le hardware, le prototypage pour être au plus proche de la réalité de la série.

Prototypage par impression 3D

Cette dernière étape, celle du prototype, de la preuve de concept (POC ou Proof of Concept), du MVP (Most Valuable Product), de la pré-série… permet de minimiser les itérations de mise au point quand les outillages sont réalisés.

Anticiper les normes et la certification du produit, s’entourer d’experts industriels pour maîtriser les coûts

Est-il obligatoire de soumettre le produit à des tests préalables de certification ?

En Europe (norme CE par exemple) et dans beaucoup de régions du monde, la certification d’un produit avant mise sur le marché est obligatoire. Le bureau d’études mécanique SERETEC inclut d’ailleurs cet accompagnement à la certification dans son process client.

Cette certification est réalisée par un laboratoire d’essais indépendant. Une telle démarche n’est pas imposée pour un prototype ou un démonstrateur.

Quelle approche pour maîtriser les coûts et éviter les dépassements de budget ?

Le plus sûr est de s’appuyer sur des experts qui ont la maîtrise industrielle et la capacité à sourcer les composants, à guider leur client vers le meilleur choix d’outillage… 

Faire appel à un partenaire unique capable d’approvisionner, fabriquer et intégrer toutes les pièces d’un produit est aussi une piste à étudier pour maîtriser ses coûts. Ce qui revient à envisager la question de la rationalisation du panel fournisseurs avec un maître d’œuvre industriel en mesure de prendre la responsabilité de l’ensemble des parties prenantes sélectionnées (composants d’origine ou OEM… Original Equipment Manufacturer, mouliste, injecteur, assemblier…).

Quels sont les critères d’arbitrage entre l’internalisation et l’externalisation de la production ?

Cela dépend du niveau de maturité de l’entreprise qui porte le projet ! Pour une startup, issue de la French Tech ou de la French Fab, qui se lance et qui doit se concentrer sur sa stratégie de commercialisation, sur une éventuelle levées de fonds… il peut être plus rapide et efficace d’externaliser la production. En s’appuyant sur des partenaires expérimentés, on évite des erreurs (parfois coûteuses) et on reste concentré sur son cœur de métier.

Internaliser la production demande des investissements préalables importants : un atelier de fabrication, une usine… ne se construisent pas en quelques semaines. C’est tout l’intérêt de la collaboration entre les startups et les PME industrielles : les secondes disposent d’un outil de production efficient au service de la performance globale des premières.

Un acteur comme SERETEC, d’autant plus au sein de WAE Group dont il fait partie, est aussi en mesurer de gérer la supply chain amont et aval pour optimiser les coûts d’approvisionnement et de logisitique.

Réindustrialisation, relocalisation industrielle, souveraineté, réduction de l’impact environnemental… le made in France a le vent en poupe !

Produire en France ou à l’étranger ?

L’ère post-Covid puis la guerre en Ukraine avec ses conséquences économiques ont mis en lumière la désindustrialisation de la France. Avec le plan France 2030, porté par l’État et soutenu par BPI, il y a une volonté de réindustralisation. Le made in France a le vent en poupe, en lien avec la montée en puissance des enjeux RSE dont l’impact CO2 et plus globalement le respect de l’environnement…

Mais la logique économique d’un projet, le respect des grands équilibres, amène encore à des arbitrages selon le volume de production ainsi que l’objectif de coût de revient. Certaines technologies sont également davantage maîtrisées à l’étranger.

Quels sont les pièges à éviter ?

En amont de l’industrialisation, il faut prendre garde à la notion de propriété intellectuelle et à la façon dont le transfert industriel s’effectue. Attention aux études à prix cassés avec, en contrepartie pour le client, des engagements sur la durée contractuelle et les volumes de production… Parfois, cela peut aller jusqu’à des pénalités à payer si le volume n’est in fine pas atteint. De même, prendre garde à qui appartient l’outillage puisqu’il s’agit d’un investissement.

Comment financer cette phase d’industrialisation ?

Pour BPI, principal financeur public de l’innovation en France, l’industrialisation est considérée comme encore étant partie prenante de la R&D. Elle est finançable, pour tout ou partie, selon les aides disponibles au moment du projet. Des dispositifs comme le CII (Crédit Impôt Innovation pour lequel SERETEC bénéficie de l’agrément) ou le CIR (Crédit Impôt Recherche) peuvent être mobilisés selon la nature du projet et les parties prenantes.

Lire davantage